Ce premier conseil municipal intervient plus de deux mois après les résultats du premier tour et surtout après une période de confinement éprouvante pour toutes et tous. Les résultats dès le premier tour des élections renouvèlent pour un quatrième mandat, Monsieur Courtois et ses colistiers. Mais ne nous y trompons pas, avec une telle abstention (68%), le plus haut niveau jamais atteint pour cette élection locale, la préférée des Français, nous pensons que cette assemblée a été mal élue… la modestie de chacun, chacune est requise.
L’heure n’est plus aux remerciements à nos électeurs, tant les préoccupations sont tout autres : après avoir dû faire face à la pandémie, aux contraintes et aux difficultés liées au confinement, il s’agit à présent de faire face à la période de transition qui s’ouvre pour un temps peut-être encore plus incertain que le confinement passé. La société doit se recréer avec de nouvelles façons de faire dans les gestes du quotidien… et des efforts doivent être consacrés à la construction d’une économie différente ; et des solidarités sont à réinventer, de même, la Démocratie doit être développée.
Alors, oui, nous sommes heureux d’être là, avec six élus, tous en conscience des enjeux qui vont guider notre action ; et chaque fois que nécessaire, nous nous opposerons aux décisions que nous estimerons ne pas être en faveur de l’intérêt général. Cela tout en gardant chacun, une indépendance sur nos décisions ; car en nous présentant devant les électeurs, c’est aussi cette dimension que nous proposons. Nous réfléchissons ensemble, trouvons le compromis, mais nous nous autorisons de n’être pas d’accord et nous nous engageons à le motiver devant l’assemblée, devant nos électeurs et plus généralement les habitants de Mâcon. Nous ne sommes pas des élus godillots.
La crise sanitaire s’inscrit dans les crises – économique, sociale et environnementale – préexistantes et liées aux décisions politiques de libéralisation du secteur de la santé, que, vous, Monsieur Courtois, avez validé tout au long de votre long exercice politique – national – en tant que sénateur et local en tant que maire. Le vers est entré dans le fruit dès la Loi Juppé qui mettait un premier coup de couteau au cœur du service public de santé et particulièrement à l’hôpital public, puis la Loi Hôpital Patient Santé Territoire de Mme Bachelot – aujourd’hui reconvertie en amuseuse du Paysage Audiovisuel Français – continuait la sape du système hospitalier, détruisant au passage les éléments de démocratie qui l’organisait par la suppression des Conseils d’administration des hôpitaux remplacés par les conseils de surveillance, vidés de toute substance démocratique. Vous avez voté cette loi lorsque vous étiez sénateur, vous êtes comptable de cette décision et de ses conséquences. Durant votre précédant mandat, vous avez refusé la création du centre municipal de Santé que je proposais et validé celui créé par le conseil départemental ; c’est un peu votre signature : vous trouvez toujours à faire payer les équipements mâconnais par d’autres collectivités – le département, l’agglomération…
Maintenant, il s’agit, ici, de décider des politiques publiques locales au service des administrés. Nous savons toutes et tous que notre planète et ses ressources sont limitées au contraire de notre imagination. Mise au service de la finance mondialisée et d’intérêts particuliers, toujours plus nombreux sont ceux à s’accorder aujourd’hui sur le désastre de telles décisions. Il s’agit de développer les projets dont l’impact environnemental préservera la biodiversité tout en redonnant vitalité à notre ville ;
- une vitalité retrouvée pour l’habitat existant, pour le commerce de centre ville et les familles qui en vivent ;
- une vitalité retrouvée pour le tissu associatif qui ne peut se résumer à un soutien massif aux activités sportives tournées vers la compétition au détriment du sport loisir et santé et de son accès à toutes et tous ;
- une vitalité renforcée pour les acteurs de la sphère sociale qui doivent être épaulés pour mener à terme leurs projets. Alors qu’ils ont été en première ligne pendant la phase aiguë de la pandémie, ils n’ont pas reçu le soutien dont leurs bénéficiaires avaient tant besoin ;
- une vitalité économique tournée vers le secteur industriel du réemploi, de l’économie circulaire et de l’agriculture urbaine, de véritables moyens de fixer la population dans la ville centre, la réduction des déplacements pendulaires restant un enjeu environnemental important ;
- une vitalité démocratique à inventer, loin des réunions d’information organisées sous votre mandat précédant mais une pratique qui implique davantage la concertation pour recueillir l’expertise des habitants et leurs besoins exprimés, un travail transversal des élus dans le but d’établir une «stratégie climat », une place pour les élus de l’opposition qui va plus loin que ce que le droit prévoit, et enfin, une transparence renforcée.
Ce discours peut avoir l’allure de rejouer la campagne passée mais c’est parce qu’elle n’a pas eu lieu, cette campagne. La déclaration tardive de votre candidature vous a permis de vous soustraire au débat d’idée. Vous avez privé les électeurs mâconnais de ce temps de confrontation des projets, moment nécessaire à un choix éclairé ; usant de publi-reportages, c’est le « Coup d’état permanent », cela faisait le jeu de votre réélection mais au prix d’une abstention bien au-delà de la moyenne nationale, renforcée par la pandémie.
Concitoyennes, concitoyens, la transition qui s’annonce est une formidable opportunité pour tenter de réparer les erreurs commises, erreurs dont la responsabilité est collective, soit d’avoir produits les idées qui y ont menées, soit de n’avoir pas su s’y opposer suffisamment, soit de n’avoir pas su proposer autre chose, soit d’avoir été sourds aux alternatives. Cette période est donc enthousiasmante et nous, élus Mâcon Citoyens, comptons bien porter tous projets et initiatives qui concourent à rendre notre territoire adapté aux enjeux contemporains.
Eve Comtet Sorabella.