Le rapport qu’il nous est aujourd’hui demandé d’adopter nous indique que MBA souhaite poursuivre son engagement pour le développement de mobilités durables au travers d’un « projet territorial ambitieux autour de l’utilisation de l’hydrogène ».
Effectivement le projet est ambitieux et semble très bien répondre à l’appel lancé par l’ADEME.
Cependant, cette ambition n’est même pas évoquée dans le schéma de mobilité durable de notre agglomération, dont les grandes lignes ont été présentées le 21 janvier dernier en Conférences des maires.
Celui –ci se donne pourtant pour objectifs, je cite :
1- « Proposer une alternative crédible et performante à l’usage de la voiture individuelle sur les espaces à fort potentiel »
– et l’objectif 4 : « proposer une solution de mobilité à l’ensemble des habitants de MBA ».
Concernant les transports en commun, nous avons, p. 10 l’idée « d’améliorer l’offre des corridors par renfort des lignes régionales » et pour les secteurs les moins peuplés, de « proposer une offre de transports adaptée au potentiel d’usage attendu ».
Et là je m’interroge, car dans tous les documents qui nous ont été présentés depuis le début de cette mandature, nulle part il n’est fait mention d’une analyse des besoins des habitants.
J’entends par là celle des besoins réels et actuels de la population, des personnes qui se lèvent le matin pour aller travailler et qui n’ont, à ce jour, aucune alternative à la voiture.
Aujourd’hui, le réseau Tréma ne couvre que ce que vous appelez le cœur d’agglomération.
Au-delà, RIEN, pas une seule possibilité de transport en commun, si ce n’est au niveau des transports scolaires ou, de manière sporadique, avec le transport à la demande.
Permettez-moi une petite digression et prenons l’exemple concret d’une personne sans permis de conduire habitant La Roche Vineuse et devant aller travailler à la Cité de l’entreprise à Mâcon….
Cette personne devra prendre contact avec Tréma et solliciter le transport à la demande, transport qui se fait en taxi mais dont la prise en charge est effectivement très importante puisqu’elle ne déboursera que 1.30 € au lieu de 25 € si ce trajet n’entre pas dans le cadre du transport à la demande.
Donc, après réservation d’une place de taxi en contactant Tréma :
– Attente à La Roche Vineuse à l’arrêt de transport scolaire
– Choix de 3 horaires de dépose à Mâcon : 10h00 (!!!), 14h15 ou 18h45
– 3 lieux au choix : Gare, polyclinique ou Place de la Barre
Pour repartir sur la Roche Vineuse après une journée de travail :
– 3 lieux d’attente à Mâcon : gare, place de la Barre ou Polyclinique
– 3 horaires de départ depuis Mâcon : 8h30, 12h30 et 17h30
Admettons que cette personne, débrouillarde, utilise différentes solutions de covoiturage pour venir à Mâcon et arriver au travail à 8h30. Elle se fera alors déposer, au mieux, en centre-ville
Où là elle prendra un bus pour se rapprocher du sud de Mâcon et de la Cité de l’entreprise (qui ne dispose toujours d’aucun arrêt) :
– Ligne A : arrêt 1ère armée à 8h01 ou à 8h57 donc près d’une heure d’attente entre les 2.
– Ligne D : arrêt 1ère armée à 7h50 ou 9h07 (en période scolaire), ou 7h42 puis 8h42 (en période de vacances)
– Ligne le C2 : arrêt à Saint-Clément à 7h52, 8h12 ou 8h37 : passages plus rapprochés mais encore près d’1 km à pied.
Donc après lecture des grandes lignes du schéma mobilité et de l’appel à projet, je m’interroge : vous y évoquez des améliorations mais nous partons quasiment de zéro…
L’Ademe pourrait ainsi nous accompagner dans le remplacement du parc existant mais pour être tout à fait honnête, il faut avouer qu’il n’y a pas grand-chose à remplacer.
Et pour cause :
Rappelons que le rapport de la chambre régionale des comptes présenté en décembre pointait, page 45, des dépenses d’investissement globalement surévaluées… il soulignait que MBA a inscrit au budget primitif 2018 du budget annexe Transports 3,6 millions d’euros pour l’acquisition de matériel de transport, … Suite à ces budgets, le rapport note qu’il n’a été dépensé que 124 000 € en 2018 et 817 000 € en 2019.
Je ne me prononcerai pas ici sur la pertinence environnementale de ce projet hydrogène. Et on voit mal comment on pourrait – a apriori – être contre des évolutions répondant à la nécessaire transition écologique.
Mais le choix est couteux. Un seul bus à hydrogène étant estimé à au moins 600.000 euros, soit le double d’un bus thermique classique.
Et surtout, en matière d’environnement, il apparait que vos choix politiques et budgétaires, loin de répondre à l’urgence climatique, répondent trop souvent à des critères d’appels d’offres, et comme dirait je ne sais plus qui, dans je ne sais plus quelle commission : « là, on coche toutes les cases » ! … pour les demandes de subventions.
Par ailleurs, et je conclurai là-dessus, penser l’impact environnemental des transports, Mesdames et Messieurs, c’est aussi envisager tout de suite des alternatives et pas seulement se projeter dans de grands projets à 6, 10 ou 20 ans. C’est proposer dès aujourd’hui une alternative crédible à la voiture en multipliant les lignes, les arrêts et les passages.
C’est pourquoi je ne souhaite pas prendre part au vote car force est de constater que cette proposition ne répond absolument pas aux besoins des habitants ici et maintenant ni à l’urgence écologique.
Je vous remercie.