« Choix de la sagesse » ou choix de la SAGS ?

Lors du dernier conseil municipal un rapport concernait le choix de gestion des parkings ouvragés à avoir 3 parkings existants (Centre, Lamartine, Rambuteau) et un prévu pour ouverture au  printemps 2023 (les Halles) pour un total de 752 places de stationnement. Ce service est géré actuellement  dans le cadre d’un Délégation de service public (Dsp) confiée à la SAGS (Société d’Assistance et de Gestion du Stationnement) du groupe Sogedi (Société de Gestion Dirx)  et sa société locale dédiée Mâcon Parcs. Ce rapport 19 a occupé pas loin de 30 minutes de cette séance. La Commission consultative des services publics locaux (Ccspl) avait été convoquée préalablement le vendredi 23 à 10h. Convocation envoyée par courrier avec accusé de réception avec comme toujours le délai respecté prévu par la loi. Courrier donc reçu le lundi pour une réunion le vendredi. Quand tu n’es ni rentier, ni retraité, pratique pour t’organiser. .. Pour information, en 2021, la réunion s’est tenue un mercredi après-midi à 15h ! Je ne dois pas être le seul à qui cela pose problème puisque seuls trois  élus étaient présents. À noter l’absence de l’ensemble des cinq associations dites représentatives pour la défense de l’intérêt des mâconnais. Ce qui pose la question du choix de ses associations en début de mandat  pour siéger à cette commission obligatoire. Je pense notamment à l’association des pêcheurs « La Parfaite » et le « Yacht Motor Club »…

UNE DÉCISION PRISE SANS ANALYSES RÉELLES

Pour se faire aider dans ses choix, la municipalité a lancé une Assistance à maitrise d’ouvrage (Amo) et sélectionné la SCET  (Services Conseils Expertises Territoires), filiale de la Caisse des Dépôts.

Je vous invite à écouter l’intervention du conseiller de la SCET, sur le site de la Ville. Comment ne pas  s’étonner de ses « on passe, on passe » et de ses nombreuses hésitations et de son manque de conviction ?

Plusieurs scénarios sont juridiquement et économiquement possibles : gestion publique, directe par la collectivité (la régie) ou gestion privée (le marché public ou la Dsp). Autre possibilité, la création d’une Société d’Économie Mixte (la collectivité garde la majorité du capital ouvert à des intervenants privés). Cette dernière solution peut avoir  du sens quand il s’agit de réaliser les équipements lourds à financer : stationnement en silos, en souterrain.  À Mâcon rien de tout cela, les équipements existent et ont été financés par la collectivité territoriale. Il y a donc un  véritable choix de mode de gestion publique ou privée à opérer.

Dans une municipalité ouverte à la concertation et non dogmatique, nous aurions des éléments chiffrés totalement sincères avec les différents scénarios, les chiffres d’affaires, les coûts  pour la collectivité (frais de fonctionnement, budget d’investissement).

Mais dans le cas de l’Amo – Assistance à Maitrise d’Ouvrage – du SCET rien de tout cela, juste une ligne « risque d’exploitation » et « nécessité d’une expertise  en relation clientèle, publicité marketing » pour privilégier le choix du privé. Le consultant présente un logigramme qu’il reconnait lui-même comme « illisible », c’est peu dire … Aucune analyse comparative sérieuse. Cela semble surprenant pour une municipalité qui évoque en permanence une gestion « en bon père de famille ». La majorité comprend  de plus des chefs d’entreprise actuels ou anciens et des cadres dirigeants. Réalisent-ils leurs projets d’investissement dans le cadre de leurs entreprises privées dans de telles conditions sans connaitre les performances économiques attendues, les coûts directs et indirects prévisionnels ? Surprenant, non ?

LE REJET A PRIORI DU CHOIX DE LA RÉGIE PUBLIQUE

Le choix de la gestion en régie est donc  vite évacué. Pourtant, avec le mode de gestion en Dsp, la Ville se prive de 500 000 €  de recettes annuelles en espérant ne pas avoir à verser au gestionnaire  comme cela a été le cas jusqu’à 80 000 euros certaines années notamment pour compenser la gratuité de la première demi-heure et pendant la pause méridienne. Ce manque à gagner pour les finances publiques locales mérite réflexion non ? 

Elle se prive surtout de gérer elle-même la tarification, de conduire une réflexion sur par exemple la gratuité le samedi après-midi proposition émanant de certains commerçants qui mérite réflexion si accompagnée d’une véritable offre de transports publics et d’une politique de mobilité douce.

Catherine Amaro et Ève Comtet-Sorabella sont intervenues pour obtenir des informations complémentaires et dénoncer le choix idéologique de la gestion privée. Rappelons ici que pas loin de 500 000€ ont été versé en cinq ans à Mâcon Parc. Sur le dernier exercice, 80 000€ d’argent public ont été reversés. Ils ont permis à Mâcon Parcs de couvrir les frais de personnel ainsi que de reverser 30 % à la SAGS, société mère, au titre des frais de structure…

Lors de son intervention, La cheffe de file du groupe « Mâcon Citoyens »a aussi posé la question des fissures du parking Lamartine et de l’absence de risque financier réel pour le délégataire.

LA MAUVAISE FOI POUR TOUTES RÉPONSES Á NOS QUESTIONS

Gérard Colon répond qu’il y a eu des calculs très précis effectués. Ah oui lesquels ? Pourquoi n’en sommes-nous  pas destinataires alors ? Au passage, il évoque le retard du chantier des Minimes lié au Covid et dans un bel euphémisme « quelques problèmes d’infrastructure ». Il a bon dos le pangolin !

Dans sa réponse, le maire a évoqué l’absence de technicité des services municipaux. Ces derniers  gèrent pourtant, ne l’oublions pas les parkings en voirie –les parcmètres. Il avait fait la même réponse  sur la technicité pour s’interdire la gestion en régie du service de l’eau, possible à Gueugnon !!!

Il a osé évoquer 27 emplois nécessaires pour couvrir le service quand la Mâcon Parcs emploie à peine quatre salariés et que l’AMO en prévoit 2,5 équivalents temps plein. Ce qui serait possible à Bourg-en-Bresse ne l’est pas à Mâcon ? De qui se moque-t-on ? La ville-Préfecture de l’Ain a repris en régie il y a quelques années l’ensemble de la gestion du stationnement

Le contrat de Dsp est prévu d’une durée de huit ans et non plus cinq afin d’assurer la rentabilité du gestionnaire mais où est l’intérêt de la population et des utilisateurs des parkings en ouvrage ?

Alors cette délibération,  «  choix de la sagesse »   comme énoncé par Gérard Colon ou prémices d’un choix de la SAGS dont on sait les liens entre un membre éminent de notre conseil et cette société dont il a été cadre dirigeant !

Le cahier des charges serait en cours de rédaction, la réception des offres et les négociations avec les candidats devraient démarrer en janvier prochain pour un vote en Conseil municipal au printemps.

Bien évidemment, et comme d’habitude, les élus minoritaires seront écartés de ces étapes préliminaires.

Ce rapport a été approuvé par la majorité, une seule abstention (l’élu Rassemblement National) et six contre (les élu.e.s Mâcon Citoyens).

Texte et photo : Emmanuel Jallageas

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