Plan climat-air-énergie territorial de MBA : « Nous avons perdu 10 ans pour agir »

Conseil communautaire du 15 décembre 2022

Rapport n°23 : Arrêt du projet de Plan climat-air-énergie territorial de MBA

Intervention de Gabriel Siméon :

« M. le Président, chers collègues,

Il convient tout d’abord de rappeler le retard que nous avons pris dans l’élaboration d’un tel plan de lutte contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution de l’air, et des actions qui en découlent.

Un premier plan climat-énergie territorial a été élaboré en 2013, à l’époque de la CAMVAL, mais il ne fut jamais adopté. Il contenait pourtant de bonnes actions : inciter au report multimodal, sensibiliser les agents et les élus, acquérir des vélos électriques…

Le report de la voiture aux autres modes de transports n’a pas eu lieu, les agents et les élus commencent tout juste à être sensibilisés, quant aux vélos électriques nous venons de décider d’en acquérir une flotte pour l’Office de tourisme communautaire. Bref, nous avons perdu 10 ans…

Ce PCAET n’en perd pas moins de son intérêt. Se fixer des objectifs chiffrés d’économies d’énergie et de réduction des gaz à effet de serre est indispensable, tout comme l’est la définition des actions qui leur sont associées.

On peut cependant regretter votre manque d’ambition sur certains sujets. Sur la séquestration du CO2 par la végétation, on peut aller plus vite et plus loin. 7 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique local en 2030, et 22 % en 2050 : on peut faire mieux ! Et dans les faits on fera sans doute mieux que ces objectifs. Le report modal de 10 % des trajets en voiture vers les modes actifs d’ici 2050, ça semble faible comme objectif.

On peut aussi s’étonner que la stratégie pour l’agriculture ne reprenne pas d’objectif de soutien à la conversion au bio. Ce soutien public est pourtant essentiel pour réduire les émissions dues à l’utilisation d’engrais et de pesticides, dont l’utilisation soulève aussi des questions de santé publique. Réduire de 21 % les gaz à effet de serre de l’agriculture d’ici 2050, là aussi on peut aller plus loin.

Autre regret, ce PCAET passe complètement à côté de la production d’énergie éolienne. Le territoire présente un potentiel de production de 645 Gigawattheures par an en 2050. Soit 2 fois plus que le potentiel du solaire. C’est donc un potentiel important. Et pourtant, pas un mot dans le document stratégique listant les objectifs du PCAET. L’éolien passe à la trappe parce que vous n’en voulez pas, tout simplement.

Les parcs éoliens posent bien sûr des questions d’acceptabilité sociale et de préservation du paysage, mais il ne faut pas tomber dans la caricature. Il ne s’agit pas de planter des éoliennes sur la Roche de Solutré, mais là où c’est pertinent et accepté. Pour faire face au changement climatique il me paraît compliqué de se priver de ce potentiel de production d’énergie renouvelable.

Enfin, attention à ne pas créer un trop grand décalage entre les intentions contenues dans ce plan et la réalité. L’un des objectifs est bien de limiter la bétonisation des sols, or à Mâcon c’est bien l’inverse qui pourrait se produire : si l’on en croit le projet du futur Plan local d’urbanisme, 82 hectares de terres seront consommés dans les 10 prochaines années, soit 8,2 ha par an. C’est plus que le rythme actuel !

Une question pour finir : qui s’occupera de suivre les indicateurs du PCAET ? »

« L’agglomération ne peut décemment pas s’associer avec TotalEnergies »

Projet de rapport développement durable

Voici l’intervention préparée par Gabriel Siméon et lue par Ève Comtet Sorabella au conseil d’agglomération du jeudi 7 avril au sujet du Rapport développement durable 2021 du partenariat entre Mâconnais-Beaujolais agglomération et TotalEnergies.

« Monsieur le président, chers collègues,

Aucun de nous ne peut décemment voter pour cette délibération. Et en ce qui me concerne je voterai contre.

Ça peut vous étonner, car je suis favorable aux mobilités décarbonées et à l’hydrogène vert. Mais on ne peut pas tout accepter sous ce prétexte, et en particulier que notre collectivité s’associe avec TotalEnergies.

TotalEnergies, je le rappelle, c’est ce géant du pétrole qui savait dès 1971 que son activité aggravait le réchauffement climatique, il y a plus de 50 ans donc, et qui a par la suite tout fait pour le cacher, d’après une récente étude.

TotalEnergies a ensuite volontairement semé le doute sur la réalité du changement climatique dans le seul but de poursuivre son activité.

Peu importe que TotalEnergies soit un groupe français et qu’il nous propose un tarif attractif : cette entreprise est coupable d’avoir dissimulé les preuves du réchauffement climatique et de nous avoir fait perdre un temps précieux. Et à ce titre on ne peut pas décemment s’associer avec elle.

Je vous pose la question : sommes-nous vraiment prêts à nous assoir sur notre conscience juste pour obtenir de l’hydrogène à moins de 9 euros le kilo ?

Nous devons veiller aux intérêts de notre collectivité, mais aussi au monde dans lequel nous vivons. Et ce monde est justement mis à mal par des entreprises comme Total.

Ma conscience me dicte aujourd’hui de refuser ce partenariat.

Et d’ailleurs, je pense que si la commission 7 avait été associée à cette démarche et si la sélection des offres avait été faite par une commission représentative de la diversité d’opinions de notre assemblée, nous n’en serions pas là ce soir. »

« L’agglo peut faire plus pour la biodiversité ! »

Projet de rapport développement durable

Voici l’intervention préparée par Gabriel Siméon et lue par Ève Comtet Sorabella au conseil d’agglomération du jeudi 7 avril au sujet du Rapport développement durable 2021 de Mâconnais-Beaujolais agglomération.

« Je suis quand même frappé par le peu d’actions conduites par notre agglo pour la préservation de la biodiversité et des écosystèmes.

Notre monde fait face à ce que les scientifiques n’hésitent plus à qualifier de 6ème extinction de masse, 1 espèce vivante sur 8 est menacée de disparaître à court terme, et que fait MBA ?

On préserve les cours d’eau du territoire. Et c’est très bien, mais on pourrait faire tellement plus ! Quand je l’ai fait remarquer en commission « Mobilités durable et Enjeux climatiques » la semaine dernière, on m’a répondu que c’était une affaire de compétences. Mais nos compétences nous permettent pourtant de faire des choses.

Nous pourrions, par exemple, arrêter d’apporter notre soutien à la création de nouvelles ZAC, à Mâcon, à Hurigny. Couler du béton dans des prairies, ça nuit évidemment à la biodiversité.

Nous pourrions lancer un challenge ou un prix pour récompenser les entreprises du territoire qui s’engagent pour la protection du vivant, un peu comme on le fait déjà avec les mobilités douces.

Nous pourrions aussi créer une commission spéciale chargée de travailler sur ces sujets. Car aujourd’hui, dans les mairies, la question de la biodiversité se limite trop souvent à celle des espaces verts.

Cette nouvelle commission pourrait être chargée d’étudier la prise de nouvelles compétences : aménager des forêts ou des zones humides, par exemple, ou bien mettre en place un plan local d’urbanisme intercommunal pour stopper l’artificialisation des terres qui va se poursuivre sur le territoire.

Aujourd’hui nous devons prendre ce sujet à bras le corps. Dans 10 ans il sera trop tard. »

Schéma des mobilités de l’agglo : « Nous avons besoin d’une offre de transports attractive ! »

Intervention au Conseil communautaire de Mâconnais-Beaujolais Agglomération
Rapport n°7 : Adoption du schéma des mobilités

Cher président, chers collègues,

Clairement, nous aurions pu voter pour ce schéma des mobilités. Celui-ci comporte plusieurs avancées notables en ce qui concerne :

  • les pistes cyclables,
  • le stationnement et les services vélo,
  • les bus interurbains,
  • les navettes de centre ville
  • et le covoiturage

Sauf qu’il y a un obstacle de taille sur la route qui est ici tracée : c’est le cadencement des lignes de bus. Vous prévoyez en effet de faire circuler des bus toutes les 30 minutes sur les lignes « fortes » dans Mâcon, toutes les 60 minutes sur les lignes complémentaires, et toutes les heures-et-demi sur les lignes interurbaines régulières.

Or ce dont les habitants ont besoin – et auront encore plus besoin dans 3 ans, dans 6 ans ! – c’est d’une offre de transports attractive, avec des bus qui passent plus régulièrement, pour ne pas avoir toujours à regarder les horaires, pour ne pas avoir à attendre trop longtemps lorsqu’ils rateront un bus. Et c’est comme ça qu’on les aidera à prendre moins souvent leur voiture.

Ce schéma manque de vision, d’anticipation. On dirait, vu comme ça, que vous ne regardez que le budget sans vous préoccuper du service que vous voulez proposer. Sauf que dans ce sens là ça n’a aucune chance de marcher. Même à 30 minutes d’intervalle, avec le schéma actuel, les bus circuleront à vide, et pour le coup on aura vraiment dépensé de l’argent pour rien.

Ce qu’il faut, c’est au contraire y mettre un tout petit plus de moyens pour que les bus passent plus régulièrement et plus tard en soirée. MBA doit aussi jouer un rôle moteur pour que ces bus soient utilisés.

Imaginez un peu, Monsieur Courtois : vous pourriez, comme ça, sur un coup de tête, aller acheter un vélo à La Roche Vineuse, ou aller faire une pétanque à La Chanaye, sans poireauter deux heures. Et vous pourriez même revenir en bus !

Enfin, c’est un point de détails, mais nous aurions aussi apprécié de voter un schéma achevé, avec des engagements financiers fermes, ce qui n’est pas le cas du schéma directeur vélo, puisqu’une étude de programmation doit encore en préciser les contours, et que les 30 millions d’euros affichés seront limités aux « sommes disponibles ».

Alors je vous rassure on ne va pas voter contre ce schéma, car on ne s’oppose pas à tout juste pour le plaisir. On s’abstiendra toutefois de le soutenir, car en l’état présent ce schéma n’est pas encore tout à fait à la hauteur des mobilités de demain.

Office de tourisme communautaire

Intervention au conseil communautaire –
rapport 15 – Classement de l’office de tourisme communautaire en catégorie I

Comment se fait-il que Mâcon dispose encore du label « station classée » / « station de tourisme » alors que l’office de tourisme communautaire n’est à ce jour classée qu’en catégorie II et non en catégorie I comme requis par le label ?

De ce que je sais l’échéance pour l’obtention de ce classement en catégorie I avait été fixée à début 2018…

Jeunes actifs

Question orale au Conseil communautaire –

De nombreuses collectivités se positionnent pour attirer les jeunes actifs sur leur territoire, dans un contexte où le télétravail a pris de l’ampleur et où les villes moyennes et les villages séduisent de plus en plus d’urbains.

Que fait et compte faire Mâconnais Beaujolais Agglomération pour inciter ces jeunes actifs à s’installer sur notre territoire ?

Le développement durable peut-il attendre ?

Intervention au conseil communautaire –
Rapport 14 : communication du rapport développement durable 2020

D’abord je voudrais remercier les agents qui ont contribué à la production de ce rapport, ainsi que ceux qui permettent de concrétiser les actions de Mâconnais-Beaujolais Agglomération sur le terrain. Parmi eux s’en trouve un certain nombre qui ont envie que les choses avancent, sur le plan environnemental comme de l’égalité femmes – hommes.

Sur le fond du rapport maintenant… je trouve ça assez décevant. Il n’y a pas grand-chose d’intéressant à se mettre sous la dent. En tout cas, quasiment rien qui me fait dire : mon agglomération a pris le problème du dérèglement climatique à bras le corps, mon agglomération se bat pour préserver la biodiversité, mon agglomération est pleinement engagée contre la pollution de l’air. Ces sujets là avancent encore trop lentement chez nous.

Alors oui, MBA est volontaire sur le compostage individuel. Et c’est une très bonne chose ! Sauf qu’avoir 1 000 foyers qui compostent leurs déchets organiques, c’est encore bien faible à l’échelle du territoire. Combien parmi les personnes ici présentes le font ?

Alors certes, Mâcon réhabilite des logements via l’opération cœur de ville. Ça aussi c’est très bien ! Mais comment peut-on sérieusement vouloir préserver la biodiversité à l’échelle de l’agglo, si dans le même temps la ville principale s’autorise à artificialiser 60 hectares supplémentaires de terres dans les 10 prochaines années ?

Le problème, c’est qu’à aucun moment il n’est question de réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de la voiture individuelle. C’est quand même ça l’un des principaux facteurs d’émissions sur le territoire, sinon le principal. Certes, vous prévoyez de faire rouler des bus et des bennes à ordures à l’hydrogène vert d’ici quelques années – on ne sait pas vraiment quand d’ailleurs – et je trouve ça très bien. Mais ce projet ne concernera au mieux que 15 véhicules dans un premier temps. Autant dire pas grand-chose. Le véritable enjeu pour MBA, c’est d’inciter les habitants à se déplacer sans leur voiture.

Et à propos de ça, ce rapport de développement durable m’a quand même appris quelque chose de très important. Ça concerne le schéma des mobilités durables de l’agglomération. On lit dans le rapport que les modifications du réseau induites par ce schéma ne seront intégrées qu’à la prochaine délégation de service public, c’est-à-dire en 2026. Pour dire les choses clairement : vous n’envisagez pas de modification majeure – et pourtant indispensable – du réseau de bus avant 5 ans. Au mieux du mieux !

Sauf que 5 ans, c’est beaucoup trop pour lutter contre le changement climatique.

En résumé, on va adopter cette année un nouveau schéma des mobilités, et puis… rien. On va le ranger dans un tiroir et le ressortir dans trois ans, en 2024, pour préparer le cahier des charges de la future délégation de service public. Délégation qui ne sera renouvelée que deux ans plus tard. Au mieux.

Monsieur le président Courtois, est-ce qu’on pourrait évaluer ce qu’il en couterait de mettre en place plus rapidement ce schéma des mobilités durables, par un avenant à la délégation de service public ?

Je suis certain que notre agglomération peut assumer une telle dépense, même en période de Covid. Il y a des dossiers sur lesquels nous ne pouvons pas rester immobiles, et celui des mobilités en fait partie. La mobilité, c’est quand même un service essentiel que nous rendons aux habitants et à la planète.

Pour le moment, ce n’est pas un schéma des mobilités durables que vous nous proposez, mais un schéma de l’immobilité. Nous pouvons encore changer cela.

Itinéraires cyclables

Intervention au conseil communautaire –
Rapport 10 : Approbation du règlement de fonds de concours des itinéraires cyclables

Les cyclistes ont besoin d’aménagements cyclables qui collent avec leurs besoins de déplacements. Ils se déplacent au sein des communes, mais ils se déplacent aussi entre les communes.

Dans le règlement de ce fonds de concours « aménagements d’itinéraires cyclables » ce besoin est pris en compte d’une manière un peu étrange.

C’est-à-dire qu’il est précisé que les projets retenus doivent se faire en cohérence par rapport aux orientations définies par le schéma des mobilités à l’échelle de Mâconnais Beaujolais Agglomération… Sauf que ce schéma est à ma connaissance toujours en cours d’élaboration avec le bureau d’études ITER, et qu’il ne sera pas connu avant plusieurs mois.

Ma question est donc la suivante : prévoyez-vous de publier ce schéma avant de commencer à examiner les dossiers de demande de ce fonds de concours ?

Dans le cas contraire, nous aboutirons sans doute à une situation où chaque commune décidera dans son coin de ses aménagements cyclables, au risque d’y perdre en cohérence à l’échelle du territoire. Ce qui ne profitera au final ni aux cyclistes, ni à la planète, ni aux comptes publics.